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Huit cents. C’est le nombre de chansons qui dorment dans les tiroirs de Paul Cargnello, certainement l’un de nos auteurs-compositeurs les plus prolifiques. Il a déjà sept albums à son actif, dont le nouvel arrivé La course des loups. Théoriquement, il pourrait lancer un nouveau disque chaque semaine durant les deux prochaines années grâce à son matériel en banque et à celui qui s’ajoute chaque semaine. Ah oui, il n’a que 31 ans!
Comment expliquer cette productivité monstre? Par la rigueur, dira le principal intéressé. « Je suis quelqu’un qui travaille beaucoup. C’est devenu mon métier. Je me suis réveillé un matin, quand j’avais 18 ou 19 ans, et je me suis dit que c’était ça que je voulais faire de ma vie et que j’allais tout mettre en œuvre pour y arriver. J’ai décidé de devenir professionnel et je devais améliorer ma composition et mes textes, » raconte celui qui a fait ses débuts au sein du groupe punk The Vendettas durant les années 1990.
Mais en réalité, cette éthique de travail, il la doit au hasard de la vie. « Plus jeune, j’ai entendu Elvis Costello en entrevue et il disait qu’il composait une nouvelle chanson chaque jour. En fait, j’avais mal compris. Il voulait plutôt dire qu’il composait un peu chaque jour. Cela ne voulait pas dire qu’il finissait une chanson chaque fois. Mais moi, je me suis forcé durant deux ans pour faire une nouvelle chanson par jour à cause de lui. Et je réussissais! Cela m’a aidé à trouver ma voie et m’a placé sur le chemin de la rigueur du travail. Maintenant, si je n’ai rien composé et écrit à la fin de la semaine, je me sens mal à l’aise. J’ai pris l’habitude de composer deux ou trois chansons par semaine, » souligne-t-il.
Et qu’adviendra-t-il de tous ces textes et mélodies qui dorment? « C’est le grand gaspillage! C’est triste, mais en même temps, quand j’arrive dans le processus de création de l’album, je peux trouver des univers précis et choisir avec sagesse, », évoque l’auteur-compositeur-interprète.
Amour politique
Et question d’augmenter la taille du défi, il n’est pas question pour Cargnello de tomber dans la facilité. Ses textes se veulent engagés, mais toujours livrés avec un second degré d’interprétation. Par exemple, « La course des loups » est inspirée d’une célèbre phrase du Che Guevara dénonçant le système capitaliste. Mais ici, il s’agit également d’une façon de parler d’amour. « Ce n’est pas facile d’être politisé sans faire la morale, avoue-t-il. C’était ça le problème avec mon ancien groupe. Nous étions vraiment moralisateurs de gauche. En solo, j’ai trouvé une façon d’être plus subtile. Mon vrai but est de trouver l’équilibre entre le personnel et la politique. Je le fais en abordant l’impact de la politique sur nos vies. Je cherche à avoir de la profondeur dans mes textes pour les interpréter de différentes façons. “La course des loups”, je dis toujours que c’est une chanson d’amour, mais à l’époque du capitalisme. »
Jongler avec les langues
Autre défi : jongler constamment entre le français et l’anglais. Anglophone d’origine, Cargnello affirme avoir de plus en plus de facilité à écrire dans la langue de Molière. Voilà pourquoi il vient tout juste de revenir avec un troisième album consécutif dans cette langue. « Je suis tellement inspiré en français dernièrement. Je m’améliore constamment. J’ai beaucoup travaillé pour Brûler le jour. C’était un exercice. Pour Bras coupé, j’étais entre les deux. Là, pour la première fois, j’avais déjà plusieurs compositions françaises en banque. C’était plus facile. Parce que si à la fin de l’année je me retrouve avec une centaine de nouvelles chansons, il y en a environ 25 en français sur ce nombre. Ce n’est pas encore 50- 50, » affirme-t-il.
Son but ultime demeure toutefois de parvenir à concocter des albums parfaitement bilingues. Mais ce rêve devra attendre, parce que selon lui, l’industrie n’est pas encore prête à recevoir ce genre de projet : « Les maisons de disques au Québec ont encore de la difficulté avec un artiste qui arrive avec des compositions en français et en anglais. C’est moins facile pour les demandes de subventions, les radios, etc. L’industrie n’est pas suffisamment prête. Présentement, quand je commence un album, je dois choisir. Mais chaque fois que je fais un album en anglais, on retrouve deux ou trois chansons en français et chaque fois que j’en fais un en français, on en retrouve deux ou trois en anglais. Juste pour pousser un peu les limites! »