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À 34 ans, Jérôme Charlebois commence tout juste à se faire un prénom. Fils de ce monument de la chanson francophone qu’est Robert Charlebois, Jérôme a lancé, ce printemps, son troisième album, intitulé Flambant 9.
Comme on peut l’imaginer, Jérôme baigne dans un univers artistique depuis son enfance. Il s’intéresse d’abord à la batterie et intègre un groupe rock au répertoire constitué de succès bien hard au cégep. Mais l’appel de l’écriture de chanson et le désir d’être à l’avant-scène se font entendre rapidement. Vers 21 ans, il déménage ses pénates pour étudier les techniques de voix et de scène pendant deux ans à l’atelier de chanson de Paris. « C’était une période où j’avais envie de bouger, explique Jérôme Charlebois. Et ayant la double nationalité, j’en ai profité pour voir ma famille française, pendant que mon père était en tournée là-bas. C’était une belle période. J’ai beaucoup écrit, et quand je suis revenu au Québec, j’ai formé mon propre band, Les Jérôme Charlebois. »
À 27 ans, il lance son premier album simplement intitulé 27 (2007), suivi de Jérômanimé (2010) sous son propre nom. Entre-temps, une étape cruciale : en 2009, il participe à la tournée Il était une fois… La boîte à chanson, mise en scène par son père, une expérience marquante pour l’auteur-compositeur-interprète en développement qu’il était: « Ça m’a aidé à prendre confiance, avoue d’emblée Jérôme. Surtout que c’est moi qui ouvrais le spectacle seul avec ma guitare devant un public différent, plus âgé. J’ai découvert plein de belles chansons de la part d’artistes que je ne connaissais pas tant que ça, comme Pierre Calvé, Pierre Létourneau, Claude Gauthier, qui a été remplacé par Claire Pelletier après avoir subi un malaise, et mon parrain Jean-Guy Moreau. Et musicalement, j’ai eu la chance de côtoyer Michel Donato et Michel Robidoux, qui a été le premier guitariste de mon père. Toutes les anecdotes que j’ai entendues durant cette tournée de 150 shows, c’était magique ! »
« Toutes les anecdotes que j’ai entendues durant cette tournée de 150 shows, c’était magique ! »
Difficile de passer sous silence les liens de sang qui l’unissent à son paternel. Quand on a un père comme Robert Charlebois, quand on grandit en côtoyant d’autres grands de la chanson, comment décide-t-on que c’est aussi ce qu’on veut faire? Il y a certainement une bonne part de courage et peut-être même d’inconscience dans l’équation. Jérôme n’esquive pas la question : « Pour moi, c’est venu naturellement, cette envie de me lancer dans la chanson, je n’ai jamais eu aucune pression. J’avais une flamme qui m’animait et mon père a simplement voulu m’appuyer là-dedans, mais sans trop s’en mêler. Je suis très sévère envers moi-même au niveau des textes. C’est la seule chose sur laquelle mon père peut intervenir, alors je veux quand même que tout soit nickel… Mais j’évolue dans une nouvelle ère de la musique. Mon père n’a pas connu l’Internet, iTunes, etc. Ce n’est pas vraiment sa tasse de thé, ces technologies-là… »
Effectivement, pour Jérôme Charlebois, l’industrie de la musique, telle qu’elle était à l’époque de son père, est en voie de transformation profonde : « Moi je pense que ça va bientôt être la fin des disques. J’ai l’intention de me pencher de plus en plus sur les singles. J’aime l’idée de me démarquer par des thématiques, associer des chansons avec des événements. Sur Flambant 9, j’ai des chansons comme “Tout seul dans mon coin”, qui parle d’intimidation, écrite expressément pour la Fondation Jasmin Roy. Il y a la chanson “Mon père” que je souhaite sortir pour la fête des Pères. “La trentaine” va aller chercher les gens de 30 ans… je cherche des tounes qui vont faire jaser. Je n’ai plus envie d’attendre deux ans avant d’endisquer. Les albums cd, pour moi, c’est de la pollution de plastique, il faut utiliser Internet. De toute façon, c’est moins cher et ça pollue moins, alors ça emballe tout le monde! »
Musicalement, Flambant 9 nage toujours en eaux folk, mais avec une touche plus pop que sur ses albums précédents. Jérôme Charlebois conserve son sens de l’humour, mais ajoute une facette socialement engagée. « Je compose toujours guitare-voix. Mais pour Flambant 9, mon réalisateur Guillaume Chartrain s’est beaucoup servi de mes musiciens pour arranger les chansons avec des couleurs différentes pour chacune. Il y a des touches country, lounge, pop, rockabilly… Et quand on voyait qu’on poussait ça trop loin sans savoir dans quelle direction on allait, on arrêtait tout et on gardait ça piano-guitare-voix comme pour dans “Seul dans mon coin” et “Mon père”. Elles étaient plus touchantes comme ça finalement… »
S’il compte passer l’été à promener ses chansons sur les routes de la province en compagnie de ses trois musiciens (Mark Hébert, basse, Dimitri Lebel-Alexandre, guitare, et Demetrio Mason, batterie), Jérôme ne cache pas que la France fait partie de ses plans dans un avenir rapproché. Vu la forte empreinte qu’à laissée son père dans l’Hexagone, gageons que le fils saura attirer l’attention… et les questions d’ordre familial !